Créer de la beauté, protéger la nature : comment une artiste locale parvient à protéger la rivière Dumoine
Chaque été depuis 2017, la SNAP-VO organise le Camp des artistes de la rivière Dumoine (CARD) (en anglais seulement). Les artistes de tous les milieux à travers le Canada et le Québec séjournent une semaine dans le bassin versant de la rivière Dumoine afin de créer leurs œuvres d’art en appui à nos efforts de protection de la nature de la région.
Nous avons eu l’occasion de discuter avec Katharine Fletcher, une participante au CARD de 2019, de son expérience.
Pouvez-vous nous parler de vous?
J’ai toujours entretenu un amour pour la nature et il est fort agréable parfois d’être entourée de personnes qui partagent la même passion.
Spiritwood est mon chez-soi adoré, où moi et mon mari photographe, Eric, résidons depuis 32 ans, depuis le 1er mai 2021. Ensemble, nous aimons faire de la randonnée pédestre, de la raquette, de l’équitation et du canoë. Nous avons même construit notre canoë de cèdre, surnommé Windigo, et sculpté nos propres pagaies à partir de cerisier noir.
J’ai amorcé ma carrière, il y a plusieurs années de cela, en tant qu’écrivaine pigiste (voyages, nature et environnement, jardins) et en tant que chroniqueuse, pour enfin devenir écrivaine et autoéditrice, en 1988, de l’ouvrage intitulé Historical Walks: The Gatineau Park Story (en anglais seulement et maintenant publié en 3e édition par Fitzhenry and Whiteside). J’ai également occupé le poste de présidente des déplacements durables pour la section canadienne de la Society of American Travel Writers. Je suis dès lors la chroniqueuse environnementale pour trois périodiques en Outaouais (Journal du Pontiac, West Quebec Post et Bulletin d’Aylmer).
Comment avez-vous eu connaissance de la SNAP-VO?
J’ai en tout premier lieu entendu parlé de l’excellent travail de la SNAP-VO lors d’une expédition à cheval de deux semaines à Muskwa-Kechika, dans le nord de la Colombie-Britannique. L’organisateur de ce séjour, l’écologiste primé Wayne Sawchuck (en anglais seulement), était impliqué auprès de la SNAP et m’a fait connaître l’organisme. J’en ai appris davantage à propos de l’importance de la protection et de la gestion des terres, et mon but de donner une voix à la protection de la nature s’est accru. Ma grande passion pour la nature m’a indéniablement amené à m’impliquer auprès de la SNAP-VO, où je suis maintenant membre du Comité du parc de la Gatineau.
Quel genre d’oeuvres d’art créez-vous?
Je suis une rêveuse fantaisiste : je crois que nous sommes entourés par la magie et le mystère, si seulement nous pouvions le voir.
Mes oeuvres à techniques mixtes et mes gravures sont envoûtantes et dépeignent trois axes thématiques principaux : l’enchantement, l’esprit des chevaux et ce qui est menacé (animaux, êtres vivants et paysages). Que ce soit ma gravure en collagraphie enchantée, Where the Unicorns Play, dans laquelle je danse avec deux jeunes licornes, ou celle intitulée Spirit Horses: Into the Sun, où deux chevaux blancs mènent un troupeau vers un vortex, vous allez découvrir que la magie et le mystère y sont en pleine efflorescence!
Je crois en la promotion des arts dans notre communauté. En 1989, j’ai fondé la Tournée des Ateliers d’artistes du Pontiac avec six autres artistes. Autour de 2003, je suis devenue de plus en plus immergée dans la communauté artistique locale, en tout premier lieu en tant qu’artiste, et ensuite en tant qu’écrivaine. Aujourd’hui, je suis membre de conseil ou autrement impliquée au sein de diverses organisations artistiques. Je suis pleinement engagée à promouvoir les arts, de la littérature, à la poésie, aux arts visuels, et plus encore.
De nos jours, je suis principalement une artiste visuelle. J’adore incorporer des objets trouvés, tels des plumes, de l’herbe, des fougères ou du métal rouillé, dans des œuvres réalisées à l’aide de techniques artistiques mixtes. C’est de cette façon que la plupart de mes œuvres à techniques mixtes ont été réalisées lors du CARD de 2019. Je crée également des gravures, conçues à l’aide d’objets trouvés, dont des objets retrouvés dans la nature et utilisés sous forme de teinture écologique.
Je crois fortement que les artistes peuvent faire avancer et changer les choses dans le monde. Les artistes demandent aux spectateurs de porter un regard sur la nature à travers leurs yeux, d’en vivre l’expérience, et de se questionner.
Qu’est-ce qui vous a amené à participer au CARD?
Ma première participation au CARD a été en 2019, au cours de laquelle moi et mon mari photographe, Eric, avons apprécié chaque instant de notre expérience.
Nous entretenons tous deux une passion pour la nature et nous adorons nous y plonger. Se rapprocher le plus possible de la nature tout en créant quelque chose de magique s’avère exceptionnel.
J’ai également souhaité me rapprocher d’artistes partageant les mêmes valeurs et passions. Se réunir dans un contexte de camping rustique et créer des liens basés sur l’importance de protéger la rivière Dumoine ont rendu l’expérience des plus extraordinaires.
Comment était le camping à la rivière Dumoine?
L’expérience fut fabuleuse. Moi et Eric avons campé près de la rivière, où les sons de l’eau qui coule et des oiseaux qui chantent ont ébranlé notre for intérieur. Notre petit site de camping entouré par la forêt nous a permis de respirer profondément les arômes de la terre, des arbres et du feu de camp. Au cours de la soirée, nous nous sommes tous rassemblés autour du feu afin de partager des histoires. Nous avons préparé les repas à tour de rôle : le fait d’avoir de la nourriture délicieusement réconfortante lors de notre séjour de camping rustique fut fantastique.
Qu’avez-vous appris en participant au CARD?
Il n’y a rien de plus précieux que de s’immerger physiquement dans la région afin d’en apprendre plus à propos de l’importance de protéger la rivière Dumoine et son bassin versant. Ceci est particulièrement vrai lorsque nous sommes entourés de gens qui partagent les mêmes idées et valeurs, certains d’entre eux ayant déjà été ici auparavant et pouvant nous inculquer leurs connaissances relatives aux diverses facettes du Camp. Le directeur général de la SNAP-VO, John McDonnell, est un promoteur et un défenseur acharné de la Dumoine. John a partagé ses connaissances relatives à l’histoire naturelle et humaine de la rivière en racontant des récits et en nous conduisant vers des endroits fascinants, telle l’auberge Dumoine, un monument historique.
En fait, notre groupe était composé principalement de personnes très connaisseuses à propos de l’histoire de la rivière et des enjeux entourant la protection de la nature, et passionnées envers tout ce qui a trait à la conservation et à l’art.
Participer à ce Camp des artistes m’a offert une vue d’ensemble à l’égard de l’histoire de la rivière Dumoine et des actions à poser afin de la protéger pour les générations futures.
De quelle façon le CARD vous a-t-il aidé à créer une connexion avec la nature en tant qu’artiste?
Le CARD nous offre du temps. Il nous permet de prendre du recul, de faire ce qui nous intéresse, et de créer des œuvres d’art par et avec nous-mêmes, en pleine nature. Lorsque nous nous réservons du temps privilégié, cela nous permet de créer des moments spéciaux qui éveillent notre créativité.
Les artistes et les écrivains ont tendance à composer leurs œuvres en étant seuls, alors il était tout naturel pour nous de s’éclipser, un carnet à dessin ou un chevalet à la main, tout en profitant de la lumière, tout en humant les arômes, tout en se laissant guider par les sons et tout en vivant l’expérience de la Dumoine. Étant donné que nous étions un groupe d’artistes, j’ai été inspiré d’observer mes compères à l’œuvre, utilisant diverses techniques artistiques.
Quel est l’un de vos souvenirs les plus mémorables de votre séjour à la rivière Dumoine?
Sans aucun doute, explorer la rivière en pagayant Windigo, surnommé d’après l’esprit de la forêt des Premières Nations. Tremper nos pagaies dans ce qui était à l’époque une nouvelle rivière pour moi et Eric et nous laisser bercer par le courant ont créé des « moments cristallins ». C’est ce que je qualifie d’expérience exaltante, soit lorsque nous faisons ce qui nous intéresse, lorsque la vie va son chemin; mais, tout à coup, quelque chose d’inopiné se produit et , et nous nous disons : Oh! Voici quelque chose dont je me souviendrai. C’est que j’appelle un « moment cristallin », puisqu’il peut être repêché de notre mémoire et que nous pouvons le revivre.
Avez-vous des conseils pour les personnes qui considèrent postuler pour le CARD?
Vous devez aimer le camping rustique. Il n’y a pas de dépanneurs ni de magasins si vous avez besoin d’acheter quelque chose. L’équipe de la SNAP-VO fait un excellent travail pour ce qui est de préparer les participants à ce qu’ils doivent apporter, mais vous aurez certainement besoin de tout votre équipement. Le terrain de camping étant isolé, ce que vous apportez est véritablement ce que vous allez utiliser pour la semaine. Toutefois, les gens ont tendance à partager leur équipement au cours du séjour. Petit conseil : si l’espace vous le permet, apportez quelque chose de réconfortant comme votre couverture ou oreiller préféré.
Le Camp des artistes dans son ensemble nous permet d’en apprendre plus à propos de la protection de la nature tout en nous imprégnant de la beauté de la rivière Dumoine. Selon moi, en tant qu’artiste et écrivaine, j’ai consacré ma vie à la protection de la nature et à la célébration des arts. Le CARD nous offre des moments empreints d’inspiration pour apprendre, tout en étant entourés d’individus partageant les mêmes valeurs et passions.
J’espère y retourner en 2021. Le CARD (Camp des artistes de la rivière Dumoine) a conquis mon cœur.
Souhaitez-vous participer au Camp des artistes 2021? Apprenez-en davantage en ligne et postulez.