La SNAP-VO développe une approche sur le terrain afin de pouvoir identifier les forêts anciennes dans les collines de l’Outaouais et le sud-ouest des montagnes laurentiennes. Nous combinons l’analyse cartographique à des relevés écologiques réalisés sur le terrain, dans le but d’identifier de nouveaux secteurs à protéger. Ce travail vise à s’harmoniser avec les critères provinciaux définissant ce qu’est une forêt ancienne — une désignation qui revêt à la fois une importance écologique et culturelle.
Les massifs forestiers que nous découvrons sont de taille relativement modeste, variant généralement entre 100 et 200 hectares. Bien qu’une grande partie du paysage forestier du Québec ait subi au moins un cycle de récolte industrielle — et, dans plusieurs régions, un deuxième — certaines zones ont été épargnées. Ces secteurs ont souvent été laissés intacts en raison d’une topographie difficile, d’un accès limité ou d’une faible valeur commerciale, et constituent aujourd’hui de rares fragments de forêts dans des conditions préindustrielles.
La plupart des sites forestiers que nous cherchons à protéger se trouvent dans une région de forêt décidue tempérée reconnue pour sa biodiversité unique, la complexité de son réseau trophique et sa résilience écologique. Ces forêts sont dominées par des arbres feuillues tolérantes à l’ombre et à longue durée de vie, telles que l’érable à sucre et le bouleau jaune, qui peuvent, dans des conditions optimales, atteindre des âges de 300 à 400 ans.
Les forêts anciennes deviennent de plus en plus rares à travers le monde et, une fois perdues, elles sont pratiquement irremplaçables. L’importance de ces écosystèmes est incommensurable : nous commençons à peine à comprendre leur rôle dans la séquestration du carbone, la protection du climat et le soutien à une multitude d’espèces qui en dépendent. Elles abritent également des champignons médicinaux qui pourraient détenir la clé de futurs traitements salvateurs.
L’intégrité écologique de ces forêts, ainsi que leur capacité à soutenir une vie foisonnante, se reflète dans leurs caractéristiques structurelles : des strates de canopée d’âges variés, des chicots et troncs de grand diamètre, et une riche couche de débris ligneux grossiers qui nourrit une grande diversité d’invertébrés. Ces microhabitats attirent particulièrement les populations de salamandres et de rainettes, ainsi que les araignées orbitèles et les staphylins, qui dépendent de l’abondance des décomposeurs arthropodes — tels que les collemboles, les acariens et les larves de coléoptères — pour leur subsistance. Des branches couvertes de lichens jusqu’aux profondeurs du sol tissé d’un dense réseau mycélien, ces forêts regorgent de vie. Elles constituent même des refuges face aux changements climatiques, étant souvent plusieurs degrés plus fraîches que les forêts de seconde génération.
Marcher au cœur d’une forêt ancienne est une expérience à la fois humble et profondément marquante. La majesté des arbres évoque un sentiment de continuité et de paix sacrée. Il est facile d’imaginer comment les communautés autochtones, qui veillent sur ces territoires depuis des millénaires, ont pu y puiser sagesse et subsistance. Aujourd’hui, ces forêts offrent non seulement une valeur écologique et scientifique inestimable, mais aussi une occasion de renouer avec un sentiment profond d’appartenance et une perception élargie du temps.
Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les forêts anciennes peuvent parfois se trouver étonnamment près des zones habitées. Par exemple, nous en avons trouvé une près du lac Tucker, dans la région du Poisson Blanc.
Si vous connaissez une parcelle de terre publique de plus de 50 hectares, composée principalement d’érables à sucre ou de bouleaux jaunes — ou même de pruches du Canada, une autre espèce longévive qui échappe parfois à la coupe — nous aimerions beaucoup en entendre parler.
Nous sommes particulièrement intéressés par les sites présentant les caractéristiques suivantes :
Des cimes élevées et des troncs dégagés de branches sur une grande hauteur
Des cimes aux formes atypiques, rappelant parfois des bois de cerfs, avec de grosses branches tordues poussant perpendiculairement au tronc
Des arbres inclinés, souvent couverts de mousses et de lichens, avec des troncs présentant des contreforts, des cannelures ou des textures en cordes qui compensent leur inclinaison
Un sol forestier irrégulier, ponctué de dépressions et de monticules créés par la chute et le déracinement d’arbres
Ces éléments sont typiques des forêts anciennes et peuvent indiquer des zones qui ont échappé à la coupe ou à d’autres perturbations. Vos connaissances locales pourraient nous aider à protéger ces écosystèmes rares et d’une grande valeur écologique.
Si vous pensez avoir repéré un secteur d’intérêt, contactez Andrew à l’adresse suivante : agibson@cpaws.org